Le pouvoir de l'intercession.

Nous avons vu, au cours du chapitre précédent, que certains rabbis juifs croyaient en un Messie qui viendrait pour souffrir et pour intercéder. Pourtant, quand nous autres, chrétiens, affirmons que Jésus est le Messie qui est venu pour intercéder en faveur de tous ceux qui l'acceptent comme Sauveur, les musulmans répondent généralement : « Non, c'est Muhammad qui a le pouvoir d'intercéder. » Le directeur d'une école primaire en Tunisie m'a affirmé qu'aucun musulman ne resterait en enfer, parce que Muhammad interviendrait en faveur de chacun d'eux.

Lorsque les chrétiens disent que seul Jésus a le droit d'intercéder parce qu'il était parfait et sans péché, on leur rétorque presque toujours : « Mais tous les prophètes sont préservés ou gardés (ma`sicum ) du péché. »

Au chrétien qui déclare que Jésus est mort pour nos péchés, le musulman réplique souvent que Dieu ne permettra pas qu'un seul de ses prophètes choisis soit mis à mort.

Nous allons donc revenir au Coran et examiner quel est son point de vue sur ces affirmations, en commençant par la dernière.

Dieu a-t-il jamais permis que ses prophètes choisis soient mis à mort?

Huit versets du Coran traitent de ce sujet. Ils semblent tous adressés aux juifs.

Sourate de la Vache (AI Baqara) 2.91, de l'an 2 de l'Hégire :

« Et quand on leur dit : `Croyez à ce que Dieu a fait descendre', ils disent : `Nous croyons à ce qu'on nous a fait descendre à nous'. Et ils mécroient le reste, cela même qui, étant vérité, confirme ce qui EST AVEC EUX. Dis : `Pourquoi tuiez-vous donc les prophètes de Dieu, auparavant, si vous étiez croyants ?»

Sourate de la famille d'Amram (Al `Imrân) 3.112, de l'an 3 de l'Hégire :

« ... pour avoir mécru aux signes de Dieu, oui, et assassiné sans droit les prophètes... »

Même Sourate, verset 181 :

« Nous enregistrons leur dire, ainsi que leur meurtre sans droit des prophètes. »

Sourate des Femmes (Al Nisâ' ) 4.155, de l'an 5-6 de l'Hégire :

«  Tout est venu de leur rupture de l'alliance, et de leur mécréance aux signes de Dieu, et de leur meurtre sans droit des prophètes, et de leur parole : `Nos coeurs sont incirconcis... si bien qu'à part quelques-uns, ils ne croiront pas.' »

Dans la Sourate de la famille d'Amran (Al `Imrân) 3.21, de l'an 3 de l'Hégire, nous découvrons une accusation plus générale. Car outre les prophètes, les incroyants cherchent à tuer des profanes qui commandent la justice :

« Oui, ceux qui mécroient aux signes de Dieu et tuent sans droit les prophètes et tuent ceux des gens qui commandent la justice, annonce-leur un châtiment douloureux. »

Enfin, dans un troisième groupe de versets, nous apprenons qu'en plus des prophètes, des apôtres (ou messagers) ont aussi été mis à mort.

Sourate de la Vache (AI Baqara) 2.87, de l'an 2 de l'Hégire :

« Or, à Moïse Nous avons donné le Livre certes, et après lui Nous avons envoyé des messagers à la suite. Et à Jésus fils de Marie Nous avons donné des preuves et Nous l'avons aidé de l'Esprit de sainteté. Chaque fois donc qu'un messager vous apportait ce que vous-mêmes ne désirez pas, comme vous vous enfliez ! Car les uns vous traitiez de menteurs et les autres vous tuiez. »

Sourate de la famille d'Amram (AI `Imrân) 3.183, de l'an 3 de l'Hégire :

« Dis : Mais des messagers avant moi sont venus avec des preuves, et avec ce que vous dites ! Pourquoi donc les avez-vous tués, si vous êtes véridiques ? »

Sourate du Plateau servi (AI Ma'ida) 5.70, de l'an 10 de l'Hégire :

« Nous avions pris l'engagement des enfants d'Israël, très certainement, et Nous leur avons envoyé des messagers. Mais chaque fois qu'un messager leur apporte ce que leurs âmes ne désirent pas, ils traitent les uns de menteurs et ils tuent les autres. »

De ces huit versets on peut déduire (a) que des personnes justes qui enseignaient la justice (b) que des prophètes de Dieu, et (c) que des apôtres (ou messagers) de Dieu ont été tués, à une époque ou à une autre, et souvent par la main des chefs juifs.

Le prophète Yahyâ Ibn Zakarïyâ (Jean-Baptiste) illustre bien cette vérité. Bien que sa mort ne soit pas mentionnée dans le Coran, elle est attestée à la fois par l'Evangile et par l'historien juif Flavius Josèphe. Dans son livre Histoire Ancienne des Juifs, au livre XVIII et au chapitre 7, Josèphe écrit :

« Car Hérode (le roi des Juifs) avait fait mettre à mort Jean, surnommé Baptiste, qui était un homme de grande piété et qui exhortait les Juifs à embrasser la vertu » (l'italique est de l'auteur du présent ouvrage).

Les mots en italiques sont, à peu de choses près, les synonymes de l'expression coranique « ceux qui commandaient la justice ».

Nous devons donc honnêtement conclure qu'un musulman qui prétend que Dieu ne peut pas admettre qu'un de ses prophètes ou qu'un de ses messagers - Jésus, par exemple - soit tué, est totalement dans l'erreur. Le Coran témoigne que le Seigneur Souverain et Tout-Puissant a toléré ces crimes dans le passé.

Les prophètes sont-ils préservés (ma`sum) du péché ?

l. Selon les musulmans, Adam était le premier prophète. Le Coran affirme pourtant qu'il a été chassé du jardin céleste parce qu'il avait péché. C'est ce que déclare la Sourate Ta-Ha 20.120-121, de la période mecquoise intermédiaire :

« puis le Diable le tenta en disant... Puis tous deux en mangèrent... Et Adam désobéit (`asa ) à son Seigneur. Et il erra (ghawa ). »

Bien que les noms d'Adam et d'Eve ne figurent pas explicitement dans la Sourate de AI A`raf 7.189-190 de la période mecquoise tardive, il semble cependant assez évident que c'est bien d'eux qu'il s'agit (ainsi qu'en 4.1 qui reprend la même expression) :

« C'est Lui qui vous a créés d'un individu unique, et qui a fait, de lui, pour lui son épouse près de qui il put habiter...

Puis, lorsqu'Il leur eut donné un bien-portant, tous deux assignèrent à Dieu des Associés (shuraka' ).

Mais pour l'islam, « assigner à Dieu des associés » équivaut à commettre le péché impardonnable. C'est un péché plus grave que la rébellion.

2. De Noé, il est écrit dans la Sourate mecquoise tardive de Houd 1 1.45-47 :

« Et Noé invoqua son Seigneur et dit : `Vraiment, Seigneur, mon fils est de ma famille (et comme tel doit être sauvé)'.. , . Et Dieu dit : `O Noé, celui-là n'est pas de ta famille ; il est vraiment le Méfait en personne. Ne me demande donc pas ce dont tu n'as science aucune. Je t'exhorte, oui, sans quoi tu serais du nombre des ignorants.'

Alors Noé : `Te demander ce dont je n'ai science aucune ? Contre cela, Seigneur, je cherche Ta protection. Et si tu ne me pardonnes pas et ne me fais pas miséricorde, je serai du nombre des perdants.'

Que conclure de ce récit ? La requête de Noé pour que son fils incroyant soit épargné est si naturelle, si humaine, si normale que nous avons de la peine à y voir une attitude coupable, un péché. Pourtant Dieu le reprend sévèrement, et Noé reconnaît qu'il a péché en refusant d'accepter la volonté de Dieu. C'est pourquoi il implore la miséricorde et le pardon de Dieu.

3. Nous pouvons aussi citer Abraham, le père des trois grandes religions monothéistes.

La Sourate d'Abraham (Ibrâhim) 14.41 rapporte une de ses prières :

« O notre Seigneur, pardonne-moi, et à mes père et mère, et aux croyants, le jour où se dressera le compte. »

Dans la Sourate des Poètes (AI-Shu`arâ') 26.77,81-82, de la période mecquoise intermédiaire, il déclare :

« Un ennemi à moi que tout cela ! Mais pas le Seigneur des mondes... qui me fera mourir puis me donnera la vie, et c'est Lui dont je convoite qu'il me pardonne ma faute (khati ati ) au jour de la Rétribution,»

Abraham ne sollicite pas un pardon au sens général, comme c'était le cas dans la première citation du patriarche, mais le pardon pour sa faute personnelle.

4. Moïse lui-même, le grand messager de Dieu, celui auquel Dieu parlait « face à face » a été réprimandé. La Sourate du Récit (AI-Qasas) 28.15-16, de la période mecquoise tardive rapporte ceci :

« Or, entrant dans la ville... il y trouva deux hommes qui se battaient, celui-là de ses partisans, celui-là de ses adversaires. Puis l'homme de ses partisans l'appela au secours contre l'homme de ses adversaires à qui donc Moïse donna un coup de poing qui l'acheva. `Ça, dit Moïse, c'est du travail du Diable ! Vraiment c'est un ennemi qui manifestement égare !' Et encore : `Seigneur, je me suis manqué à moi-même ; pardonne-moi donc ! Il lui pardonna donc. C'est Lui vraiment le pardonneur, le miséricordieux !' »

D'après Yusuf Ali, Moïse n'avait pas prémédité ce meurtre de l'Egyptien, il avait uniquement voulu porter secours au Juif. C'est pourquoi Moïse demande à Dieu pardon d'avoir tué cet homme.

5. Arrêtons-nous encore à l'exemple de David, l'auteur des Zabür ou Psaumes. Voici ce que rapporte la Sourate de Sâd 38.21-25, de la période mecquoise primitive :

« Et t'est-elle parvenue, la nouvelle des plaideurs, quand ils grimpèrent au mur du sanctuaire ?

Quand ils furent entrés près de David et qu'il en eut été effrayé, ils dirent : `N'aie pas peur ! Voici deux plaideurs... Juge donc en droit entre nous, et ne sois pas partial'..

`Oui voici en effet mon frère : il a quatre-vingt-dix-neuf brebis, tandis que je n'ai qu'une brebis ; puis il m'a dit : Confie-la moi ; et dans la conversation il a beaucoup fait pression sur moi.'

`Très certainement, dit David, il t'a manqué, en demandant ta brebis en plus de ses brebis'... Sauf ceux qui croient, et font oeuvres bonnes ; - cependant il y en a peu ! Et David pensa que Nous l'avions mis à l'épreuve. Rien d'autre. Il demanda donc pardon à son Seigneur, et tomba à genoux, et s'inclina. »

Pour Yusuf Ali, il ne s'agirait pas dans ce récit de l'adultère que David commit avec Bathshéba suivi du crime perpétré contre Urie, le mari de Bathshéba afin de camoufler le péché, récit rapporté en détail dans la Torah-Ancien Testament 1.

Hamidullah, quant à lui, pense que le Coran fait ici bien allusion à cet épisode de la vie de David. Je partage son point de vue pour deux raisons. La première, c 'est que la parabole des 99 brebis d'un côté et de la brebis unique de l'autre, se retrouve dans le Coran et dans la Bible ; la seconde raison, c'est que le verset 26 de la même Sourate semble clairement indiquer la nature de la faute commise par David :

« O David... juge donc en droit parmi les gens et ne suis pas la passion (al-hawâ, ) (du coeur), ou elle t'égarera du sentier de Dieu. »

Mais qu'il s'agisse de l'adultère ou non, le texte fait clairement référence à un péché particulier, pour lequel David demande pardon en tombant sur ses genoux et en s'inclinant, et « Dieu LE lui pardonna ».

6. Au verset 35 de la même Sourate (Sâd ) Salomon implore :

« Seigneur, pardonne-moi ! »,

bien que la nature de son péché n'apparaisse pas clairement ; peut être se reproche-t-il d'avoir aimé les chevaux plus que Dieu ?

7. Arrêtons-nous plus longuement au cas du prophète Jonas. I1 avait délibérément refusé d'obtempérer à l'ordre de Dieu qui lui avait commandé d'aller à Ninive pour avertir ses habitants. Jonas s'embarqua pour fuir loin de Dieu. Voici comment la Sourate des Rangées en rangs (AI-Sâffat) 37.142-144, de la période mecquoise primitive, poursuit le récit :

« Puis un poisson fit une bouchée de lui qui se blâmait (mulim, ). Puis s'il n'avait pas été de ceux qui chantent pureté, il serait demeuré dans son ventre jusqu'au jour où l'on sera ressuscité ».

Le cri de repentance de Jonas dans le ventre du poisson est rapporté dans la Sourate des Prophètes (Al-Anbiya' ) 21.87, de la période mecquoise intermédiaire :

«Puis il fit, dans les ténèbres, l'appel que voici : « Pas de Dieu que Toi ! Pureté à Toi ! Oui, j'ai été des prévaricateurs (zâlimin).»

Ainsi Jonas reconnaît qu'il a été un «  prévaricateur » ou un « injuste » (D. Masson) : Dieu lui-même le qualifie de « blâmable », ce mot déjà employé par le Coran à propos de l'attitude de Pharaon que Dieu précipita dans la mer (Sourate 51.40).

Dans les versets mentionnés, nous avons donc constaté que sept prophètes , dont deux furent aussi des messagers, se désignent eux-mêmes comme pécheurs ou sont qualifiés tels par Dieu, et invités à se repentir.

Si le péché de Noé ou de Salomon paraît « bénin » car il traduit une disposition du coeur fort répandue, en somme presque « normale », ces hommes n'en sont pas moins exhortés à demander pardon. Plus grave est le cas d'Adam et de Jonas. Du premier le Coran affirme qu'il s'est « rebellé » (`asâ) en « assignant des Associés (shurakâ' ) à Dieu ». Quant au second, il est jugé « blâmable » (mulim) pour avoir refusé d'obéir au commandement de Dieu.

Abraham demande un pardon particulier pour « son péché (khatia) » ; quant aux deux messagers, Moïse et David, ils doivent se repentir l'un d'avoir commis un meurtre, l'autre un adultère suivi d'un meurtre. Si on peut estimer que le geste meurtrier de Moïse est accidentel et non prémédité, il n'en va pas de même pour David qui reste pleinement responsable des actions répréhensibles commises.

Nous avons donne des preuves fournies par le Coran que, contrairernent aux allégations de certains musulmans, les prophètes et les messagers n'ont pas été à l'abri de grands péchés.

Un juge de la Cour d'Appel de Tanger avait affirmé un jour que des actes, considérés comme péchés lorsqu'ils sont commis par des gens ordinaires, ne l'étaient plus lorsqu'ils étaient accomplis par des prophètes. Je le mis alors au défi de me dire lequel serait plus sévèrement puni à son tribunal : celui qui connaît la loi et la transgresse, ou celui qui la transgresse sans la connaître ? Il me répondit aussitôt que c'est la personne qui transgresse la loi en pleine connaissance de cause qui mérite la sanction la plus sévère. La leçon est donc claire : la responsabilité d'un prophète ou d'un messager qui pèche est aggravée, et non atténuée.

Le Coran souscrit pleinement à cette affirmation. Dans la Sourate des Coalisés (AI-Ahzâb) 33.7-8, de l'an 5-6 de l'Hégire, il est dit que Dieu a conclu une « alliance solennelle » avec les prophètes et avec les apôtres, une alliance qu'il n'a pas exigée de la part des autres gens. Et c'est en fonction de cette alliance que Dieu jugera de leur fidélité :

« Lorsque nous avons conclu l'alliance avec les prophètes - et avec toi (Muhammad) - avec Noé, Abraham, Moïse et Jésus fils de Marie nous avons conclu avec eux une alliance solennelle afin que Dieu demande compte aux véridiques de leur sincérité » (Trad. D. Masson).

En résumé, nous pouvons affirmer, simplement mais avec force, que d'après le Coran, les prophètes et les apôtres sont, eux aussi, susceptibles de pécher.

8. Nous en arrivons ainsi à aborder un sujet délicat - et qui risque de causer de la peine au lecteur - , mais, dans notre quête de la vérité, nous ne pouvons pas éluder la question.

Que dit le Coran de Muhammad à l'égard du péché ? En est-il préservé ?

Nous allons passer en revue les versets qui en parlent, en respectant l'ordre chronologique de leur révélation. Celui qui se couvre (Al Muddathir) 74.1-5 sourate mecquoise très ancienne :

« O toi qui es revêtu d'un manteau ! Lève-toi et avertis !

Glorifie ton Seigneur ! Purifie tes vêtements !

Et fuis l'abomination » (Trad. D. Masson).

Le dernier verset est traduit ainsi par Hamidullah : « Et de ce qui irrite Dieu, écarte-toi. »

La Clarté du jour (AI-Duhâ) 93.6-7, sourate mecquoise ancienne :

«Quoi ! Ne t'a-t-il pas trouvé orphelin? Puis Il a donné asile !

Et ne t'a-t-il pas trouvé égaré (dâllan ). Puis Il a guidé ! »

C'est ce même mot qui est employé dans la Sourate du Prologue (A1-Fatiha) 1.6-7, qui remonte à la période mecquoise primitive, et que tout musulman récite plusieurs fois par jour :

« Guide-nous dans le chemin droit, le chemin de ceux que Tu as comblés de bienfaits, non pas de ceux qui ont encouru colère, ni de ceux qui s'égarent (dâllin ).

L'Ouverture (A 1am nashrah ) 94.1-7 :

« N'avons-nous pas ouvert pour toi (Muhammad) ta poitrine et mis à bas de toi ton fardeau (wizrak ) qui écrasait ton dos ? Et élevé haut pour toi ta renommée ? Oui, car à côté de la difficulté est une facilité. Quand tu es libre, donc, lève-toi et aspire à ton Seigneur. »

Il est bon de faire le parallèle entre ces versets et ceux qui décrivent le sort des incrédules en enfer, tels que les rapporte la Sourate mecquoise tardive des Bestiaux (AI An`âm) 6.31 :

« ... Et ils porteront leurs fardeaux (auzârahum ) sur leurs dos. Mauvais, n'est-ce pas ce qu'ils portent ! »

Je rappelle au lecteur que nous avons étudié ce mot de « fardeau » dans notre première section et que nous avons vu que « nul ne peut porter le fardeau d'un autre » c'est-à-dire « qu'aucun pécheur ne peut porter le péché d'un autre ». Sourate « il s'est renfrogné » (`Abasa) 80.1-1 l, période mecquoise primitive :

« Il (le prophète) s'est renfrogné et a tourné le dos parce que l'Aveugle est venu à lui. Qui te dira ? Peut-être se purifiera-t-il ou se rappellera-t-il, de sorte-te que le Rappel lui profite !

Quant à celui qui cherche à se mettre au large, alors tu t'en occupes ! Or, que t'importe qu'il ne se purifie pas ?

Et quant à celui qui vient à toi et qui s'empresse tout en redoutant, alors tu te distrais de lui !

Non, non ! Vraiment ceci est un Rappel. »

Muhammad est repris pour avoir fait preuve de favoritisme. Hamidullah ajoute ici une note : « Ainsi la révélation n'est-elle pas toujours complaisante au Prophète. »

Le Croyant (AI-Mü'min) 40.55, sourate mecquoise tardive :

« Endure (toi, Muhammad) avec constance donc, - la promesse de Dieu est vérité - et implore pardon pour ton péché (danbika ) et, par la louange de ton Seigneur, soir et matin, chante pureté. »

Muhammad 47.19, an 1 de l'Hégire :

« Sache donc qu'en vérité, point de Dieu que Dieu lui-même. Et implore pardon pour ton péché (danbika ), ainsi que pour les croyants et les croyantes. »

Les Femmes (A1 Nisâ' ) 4.105-107, an 5-6 de l'Hégire :

« Oui, nous avons fait descendre vers toi le Livre avec vérité, pour que tu juges entre les gens, au moyen de ce que Dieu te montre. Et ne te fais pas l'avocat des traîtres.

Et implore de Dieu pardon (pour tes coupables intentions). Dieu demeure pardonneur, miséricordieux, vraiment.

Et ne dispute pas en faveur de ceux qui se trahissent eux-mêmes. Dieu, vraiment, n'aime pas celui qui demeure grand traître, pécheur. »

Les mots entre parenthèses, ajoutés par un traducteur, ont été placés à cet endroit, car, d'après la plupart des commentateurs cités par Yusuf Ali, cette révélation fut donnée à Muhammad au moment où celui-ci était tenté de prendre le parti d'un musulman coupable contre un juif innocent.

La Victoire (Al Fath ) 48.1-2, an 6 de l'Hégire :

« Oui, Nous t'avons rendu victorieux d'une victoire éclatante, afin que Dieu te pardonne tes premiers et tes derniers péchés (danbika ) ; qu'il parachève sa grâce en toi et qu'Il te dirige sur la voie droite. »

Le Repentir (Al-Tauba) 9.43, an 9 de l'Hégïre :

« Que Dieu te (Muhammad) pardonne ! Pourquoi leur as-tu donné congé jusqu'à ce que te fussent manifestes ceux qui disaient vrai et reconnus les menteurs.»

Muhammad est repris pour n'avoir pas cherché la volonté de Dieu, ou pour avoir décidé trop hâtivement d'exempter certains du combat.

Le Secours (Al-Nasr) 110.3, an 1O de l'Hégire, quelques semaines avant la mort de Muhammad :

« Alors, par la louange, chante pureté de ton Seigneur et implore-Lui pardon. Oui II demeure grand accueillant au repentir. »

Nous pourrions résumer toutes ces données ainsi : Muhammad n'a pas commis des péchés aussi graves que ceux que le Coran attribue à Adam, à Jonas et à David. Les actions que Muhammad a commises et qui lui sont reprochées dans les versets examinés sont des fautes que commettrait facilement n'importe quel chef ; de nombreux prophètes qui ont vécu avant lui ont connu les mêmes faiblesses. Nous ne savons pas comment il faut interpréter exactement l'allusion « ton péché » (danbika), mais nous devons reconnaître que Muhammad, au même titre que les prophètes et messagers évoqués précédemment, n'était pas sans péché.

Le lecteur sera peut-être déçu, voire irrité par cette conclusion. En examinant cet aspect, nous ne cherchons pas à en faire un sujet de joie, mais à déblayer le terrain en vue d'aborder la grande question de l'intercession.

J'avais rappelé, au début de cette section, les paroles d'un directeur d'école primaire qui affirmait qu'en vertu de l'intercession de Muhammad, aucun musulman ne resterait en enfer.

Abi `Abdallah Sulimân Al jahuli a publié un de ces fameux « livres jaunes » que l'on trouve dans toute l'Afrique du Nord, et même à Marseille, intitulé «  (dalâ'i1 a1-khairat) (« Preuves du Béni ») dans lequel Muhammad est présenté comme :

« Intercesseur de la nation, et intercesseur parmi les Intercesseurs au Jour de Jugement »2.

Dans une section qui a pour titre : « Deux cent-un noms de Muhammad », il est appelé :

«.. . Parfait... Vérité... Intercesseur... l'esprit de Sainteté... l'esprit de Vérité... la clé du Ciel... Pardonnant les péchés...et le Détenteur de l'intercession... » 3.

D'autres sections font état de ses autres noms, tels que :

« Lumière des Lumières... Seigneur du Juste 4 » ;

même des noms divins lui sont attribués :

« Le Grâcieux (AR-Ra'üf )» « le Miséricordieux (AR-Rahim)»5

Ce livre est si répandu et si connu que deux infirmiers d'un dispensaire dans lequel j'ai travaillé en Afrique du Nord en chantaient de longs extraits par coeur.

Et puis, il y a cette histoire entendue au Maroc et en Tunisie :

«Au jour de la résurrection

Le peuple de Moïse lui dira : `O Moïse, intercède pour nous !'

Il répondit : `Pour moi-même. Pour moi-même.'

' Le peuple de Jésus lui dit : `O Jésus, intercède pour nous !'

Il répondit : `Pour moi-même. Pour moi-même.'

Le peuple de Muhammad lui dit : `O Muhammad, intercède pour nous !'

Il répondit : `Ma nation. Ma nation.'

Abreuvées de ces histoires et de ces credos, les populations d'Afrique du Nord ont acquis la conviction que l'intercession de Muhammad est la chose la plus certaine et la plus efficace qui soit. C'est pourquoi nous nous sentons contraints d'examiner le Coran pour voir s'il fournit réellement un support à la croyance si répandue dans l'Islam populaire selon laquelle Muhammad serait investi du pouvoir d'intercession au jour du Jugement.

L'intercession au jour de la résurrection d'après le Coran

Le Coran mentionne 26 fois le verbe « il intercède » (shafa`a ) et ses noms dérivés en relation avec Dieu6. A l'exception d'un verset que j'examinerai séparément, les autres références se classent en trois groupes.

Passons-les en revue, en tenant compte du contexte, chaque fois qu'il s'avérera indispensable à la compréhension et à la démonstration.

l. Aucune idole ni aucun faux-dieu ne pourra intercéder

Celui qui se couvre (Al-Muddathir) 74.48, Sourate mecquoise très ancienne. L'idée est présente sous deux mots différents :

«Ne leur profitera pas, donc, l'intercession des intercesseurs. »

Ya-Sïn 36.23, Sourate de la période mecquoise intermédiaire :

«Prendrais je hors de Lui des dieux ? Leur intercession si le Très Miséricordieux me (Muhammad) veut du mal ne me mettra au large en rien, et ils ne sauront pas me sauver. »

Les Byzantins (AR Rüm) 30.13, Sourate de la période intermédiaire :

« Et pour eux, plus d'intercesseurs parmi leurs dieux ; et ils mécroient même leurs dieux. »

Les Poètes (Al-Shu`arâ') 26.100-101, Sourate mecquoise de la période intermédiaire :

«Et pour nous , pas d'intercesseurs, non plus que de chaleureux ami ! »

Al A`raf 7.53, Sourate mecquoise tardive. L'idée est exprimée par le verbe et par un nom :

« Y a-t-il pour nous des intercesseurs qui puissent intercéder en notre faveur ? » (D'après le contexte la question équivaut à : « Où sont nos faux dieux pour nous aider ? »)

Le Croyant (Al-Mü'min) 40.18, Sourate mecquoise tardive :

« ... que les prévaricateurs n'auront ni ami zélé, ni intercesseur obéi. »

Les Bestiaux (AI An`âm) 6.94, Sourate mecquoise tardive :

« Nous ne voyons pas avec vous vos intercesseurs (faux dieux), les associés dont vous prétendiez qu'ils étaient chez vous. »

Jonas ( yunus) 10.18, Sourate mecquoise tardive :

« Et ce qu'ils adorent au lieu de Dieu ne leur nuit ni ne leur profite ; et ils disent : `Voilà nos intercesseurs près de Dieu !'

La Vache (AI-Baqara) 2.48, an 2 de l'Hégire :

«  Et redoutez le Jour où nulle âme ne suffira en quoi que ce soit à une autre ; et l'on n'acceptera d'elle aucune intercession. Et l'on ne recevra d'elle aucune compensation. Et point ne seront secourus. »

La Vache (AI-Baqara) 2.123, an 2 de l'Hégire :

« Et redoutez le Jour où nulle âme ne suffira à une autre ; et l'on n'acceptera d'elle aucune compensation, et aucune intercession ne lui sera utile. Et point ne seront secourus. »

La Vache (AI-Baqara) 2.254, an 2 de l'Hégire :

« ... avant que vienne le Jour où il n'y aura plus ni marchandage ni amitié ni intercession. »

2. Dieu seul a le pouvoir d'intercéder

Les Groupes (A1-Zumar) 39.43-44, Sourate mecquoise tardive :

« Ont-ils adopté, en dehors de Dieu, des intercesseurs ? Dis : `Quoi ! Même si ceux-ci ne sont maîtres de rien ? ni ne comprennent ?'

Dis : `A Dieu l'intercession toute entière.'

Les Bestiaux (Al-An`âm) 6.70, Sourate mecquoise tardive :

« Et parce qu'une âme serait abandonnée à la perdition à cause de ce qu'elle s'acquiert, rappelle, par ceci, qu'elle n'a en dehors de Dieu, ni patron ni intercesseur ; et offrirait-elle n'importe quel équivalent, ce ne serait pas reçu d'elle »

Les Bestiaux 6.51 :

« Et par ceci avertis ceux qui, n'ayant pour eux hors de Dieu ni ami ni intercesseur craignent d'être rassemblés vers leur Seigneur. Peut-être se comporteront-ils en piété ? »

Le Prosternement (AI-Sajda) 32.4, Sourate de la période mecquoise intermédiaire :

« Vous n'avez en dehors de lui ni patron ni intercesseur ,»

3. Seul Dieu accorde la permission d'intercéder

L'Etoile (Al-Najm) 53.26, Sourate mecquoise ancienne :

« Et combien d'anges dans les cieux ? Leur intercession ne met au large en rien, sauf après que Dieu l'a permis, en faveur de qui Il veut et qu'Il agrée »

Saba 34.23, Sourate mecquoise ancienne :

« Et l'intercession auprès de Lui ne profite qu'à celui en faveur de qui Il donne permission. »

Les Prophètes (A1-Anbiyâ') 21.28, Sourate mecquoise de la période intermédiaire :

« Et ils (anges ou messagers) n'intercèdent qu'en faveur de qui Lui plaît, tandis qu'ils sont craintifs par peur de Lui »***

*** Ce verset confirme l'idée émise par les précédents passages, à savoir que celui qui peut bénéficier de l'intercession doit être agréé par Dieu.

Marie (Maryam) 19.87, Sourate de la période mecquoise intermédiaire :

« Ils ne sont point maîtres d'intercession. Sauf celui qui aura pris un engagement auprès du Très Miséricordieux. »

Ta-Hâ 20.109, Sourate de la période mecquoise intermédiaire :

« Ce jour-là, l'intercession ne profitera qu'à qui le Très Miséricordieux permettra et en faveur de qui il agréera une parole. »

Jonas (yunus) 10.3, Sourate mecquoise tardive :

« Il n'y a d'intercesseur qu'après permission de Lui ,»

La Vache (AI Baqara) 2.255, Sourate de l'an 2 de l'Hégire :

« A Lui tout ce qui est dans les cieux et tout ce qui est sur la terre. Qui peut intercéder auprès de Lui, que par Sa permission ? » ***

*** Ces quatre versets sont clairs : nul n'a le droit d'intercéder, à moins que Dieu ne le lui permette.

4. Intercession que par celui qui rend témoignage à la vérité

Il y a encore un verset qui traite du sujet de l'intercession. Mais je le cite à part car il ajoute une précision quant à celui qui seul peut intercéder. C'est ce que nous découvrons dans la Sourate de l'Ornement (A1-Zukhruf ) 43.86, Sourate mecquoise tardive :

« Et ceux (les faux dieux) qu'ils invoquent, en dehors de Lui, ne sont pas maîtres d'intercession. Sauf celui qui témoigne de la vérité car ils savent. »

La question fondamentale est alors celle-ci : quelle est la personne qui rend témoignage à la vérité ?

Dans la note qui accompagne ce verset, Yusuf Ali déclare que beaucoup de commentateurs appliquent ce verset à tout messager qui annonce l'évangile de l'Unique. D'autres - et Yusuf Ali se range parmi eux - pensent plutôt qu'il ne peut s'agir que de Muhammad.

Le verset ne permet pas de trancher. On est donc réduit à formuler des hypothèses. Est-ce Abraham ? Est-ce Muhammad ? Est-ce Moïse ? Est-ce Jésus ?

Jésus est certes le seul prophete à avoir affirmé : « Moi, je suis la vérité ». Bref, nous ne savons pas de qui il s'agit.

Résumons. Nous avons rencontré à 13 reprises dans les 11 versets examinés, le verbe intercéder ou le nom intercession. Nous avons appris qu'il est stupide et vain de penser que des idoles inertes intercéderont au jour du Jugement ; le même mot d'intercession cinq fois répété dans quatre versets souligne que seul Dieu a le pouvoir d'intercéder ; enfin, au sujet des conditions requises par l'intercesseur, il a été clairement établi :

a) que nul ne peut intercéder - pas même les anges - sans la permission de Dieu ;

b) que seuls ceux que Dieu agrée peuvent bénéficier d'un ministère d'intercession ;

c) que seul celui qui rend témoignage à la vérité peut intercéder.

5. Autres versets qui traitent de ce sujet, sans que le mot « intercession » soit explicitement mentionné

D'autres versets tirés du Coran présentent les mêmes enseignements que ceux relevés précédemment, mais avec des mots et des expressions différentes.

Le Bris (AI Infrtâr) 82.19, Sourate mecquoise ancienne :

« Le jour où personne ne sera maître de quoi que ce soit pour personne. Et à Dieu, ce jour-là, le commandement ! »

La Nouvelle (An-Naba') 78.37-38, Sourate mecquoise ancienne :

« ... le Très Miséricordieux, à qui ils ne seront pas maîtres d'adresser la parole ; le jour où l'esprit et les anges se dresseront en rangs, nul ne saura parler, - que celui à qui le Très Miséricordieux aura accordé permission. Or il dit vrai ! »

Les Bestiaux (Al An`âm) 6.164, Sourate mecquoise tardive :

« Chaque homme ne commet le mal qu'à son propre détriment. Nul ne portera le fardeau d'un autre. Vous reviendrez ensuite vers votre Seigneur. Il vous montrera sur quoi vous n'étiez pas d'accord. » *** (Trad. D. Masson)

*** Nous avons montré dans la première section que la partie imprimée en caractères gras figurait aussi dans les passages suivants : 17.15 ; 35.18 ; 39.7 ; 53.38.

Prophètes qui ont eu ordre de prier pour autrui

Certains versets du Coran parlent de prophètes qui ont reçu l'ordre de prier en faveur du peuple et d'implorer le pardon pour lui. Pour chacun des prophètes passés en revue, nous examinerons les passages dans l'ordre de leur communication.

1.Textes concernant Muhammad.

Muhammad 47.19, an 1 de l'Hégire :

« Sache donc (O Muhammad) qu'en vérité, point de Dieu que Dieu lui-même. Et implore pour ton péché (danbika ), ainsi que pour les croyants et les croyantes. »

La famille d'Amram (Al `Imrân) 3.159, an 2 de l'Hégire :

Dieu dicte à Muhammad la conduite à tenir à l'égard des soldats qui lui furent désobéissants à Uhud :

« Pardonne-leur donc et implore pour eux l'absolution. »

Les Hypocrites (Al-Munâfrqün) 63.5, an 4-5 de l'Hégire ; le texte des hypocrites qui prétendent croire, mais :

« ... quand on leur dit : « Venez ! Le messager de Dieu va implorer le pardon pour vous », ils replient leurs têtes... »

Les Femmes (An-Nisâ') 4.64, an 5-6 de l'Hégire ; il est question de croyants hypocrites qui refusent de revenir à Dieu :

« Si, lorsqu'ils se sont manqués à eux-mêmes, ils venaient près de toi et demandaient pardon à Dieu et que le messager damandaient pardon pour eux, certes, ils trouveraient Dieu très accueillant au repentir, miséricordieux. »

La Lumière (An-Nür) 24.62, an 5-6 de l'Hégire. Le contexte fait allusion à ceux qui demandent congé dans une affaire d'intérêt commun:

« Si donc ils te demandent congé pour une affaire à eux, alors donne congé à qui tu veux ; et implore de Dieu pardon pour eux. »

L'Examinée (AI Mumtahina) 60.12, an 8 de l'Hégire. Ce verset envisage le cas de femmes qui se tournent vers l'Islam :

« Ho, le prophète ! Quand les croyantes viennent à toi te jurer allégeance... alors reçois leur allégeance et implore pardon pour elles... »

Le Repentir (At-Tauba) 9.103, an 9 de l'Hégire. Ce passage définit l'attitude de Muhammad vis à vis des arabes du désert :

« Prélève une aumône sur leurs biens... Prie pour eux ; tes prières sont un apaisement pour eux » (Trad. D. Masson).

Au premier abord, ces versets semblent donner du poids à la doctrine de l'intercession spéciale de Muhammad. Cependant, aucune de ces prières n'a un lien quelconque avec le jour du jugement ; de plus, comme nous allons le voir maintenant, le Coran présente d'autres prophètes qui ont accompli un ministère identique.

2. Noé a prié pour sa famille et pour son peuple, aussi bien que pour lui-même.

Sa prédication est rapportée dans la Sourate mecquoise ancienne de Noé (Nüh) 71.2-4, 7, 10 :

« Il (Noé) dit : O mon peuple, je suis vraiment, pour vous, un avertisseur clair, en ceci : Adorez Dieu et craignez-Le, et obéissez-moi, pour qu'Il vous pardonne partie de vos péchés...

Il dit : Seigneur ! ... Et toutes les fois que je les ai appelés pour que Tu leur pardonnes, ils ont mis leurs doigts dans leurs oreilles... J'ai donc dit : Implorez pardon de votre Seigneur. Il reste grand pardonneur, vraiment.

Au verset 28 de la même Sourate, il est dit :

« Seigneur ! Pardonne-moi, et à mes père et mère, et à celui qui entre dans ma maison en tant que croyant, ainsi qu'aux croyants et croyantes... »

3. Abraham pria certes pour lui-même, mais aussi pour les autres.

Abraham (Ibrâhim) 14.41, Sourate mecquoise tardive :

« (Abraham dit) O notre Seigneur, pardonne-moi, et à mes père et mère et aux croyants... »

Les Poètes (Al Shu'ara') 26.86, Sourate de la période mecquoise intermédiaire. C'est un extrait de la prière d'Abraham :

« Et pardonne à mon père : il a été, vraiment, du nombre des égarés (dallin ) ». Il est vrai qu'une révélation ultérieure (9.113-114) de l'an 9 de l'Hégire interdit à Abraham, à Muhammad et aux autres croyants de prier pour leurs prochains, fussent-ils de leur parenté, si, après avoir compris, ils persistent dans le refus d'obéir.

La Sourate tardive de Houd (Hüd) 11.74 rapporte qu'Abraham est même intervenu en faveur du peuple d'un autre prophète, son propre neveu Loth :

« puis, lorsque la crainte eut quitté Abraham... Voilà qu'il disputa (yujâdilunak ) avec Nous en faveur du peuple de Loth. »

4. Jacob est présenté comme ayant demandé pardon pour les péchés de ses dix fils. C'est ce que nous rapporte la Sourate mecquoise tardive de Joseph ( yusuf ) 12.97-98 :

« Ils dirent : O notre père, implore pour nous pardon de nos péchés (dunubana). Nous avons été fautifs vraiment (khâti in ) . Il dit : Je vais, pour vous, implorer pardon de mon Seigneur. C'est Lui le pardonneur, le miséricordieux vraiment. »

5. La Sourate mecquoise tardive de AI A`raf 7.148-156 raconte l'histoire du veau d'or ; le verset 155 rapporte la prière de Moïse :

« O mon Seigneur, si Tu avais voulu, Tu les aurais détruits avant, et moi avec. Vas-Tu nous détruire pour ce que des sots d'entre nous ont fait ? Ce n'est là que tentation de Toi, par quoi Tu égares qui Tu veux et guides qui Tu veux. Tu es notre patron. Pardonne-nous donc et fais-nous miséricorde cependant que Tu es le meilleur des pardonneurs. »

Récits bibliques relatifs à des prophètes qui ont prié pour d'autres

La Bible rapporte de nombreux cas de prophètes qui ont exercé un ministère d'intercession de la même nature que celui examiné dans le Coran.

l. La Torah (Exode 32.31-32) rapporte la prière de Moïse dont nous venons de lire la version dans le Coran :

« Ah ! ce peuple a commis un grand péché ! Ils ont fait des dieux d'or. Pardonne maintenant leur péché ! Sinon, je t'en prie, efface-moi de ton livre que tu as écrit. »

2. Daniel, le prophète rapporte ainsi sa prière :

« Seigneur, écoute ! Seigneur, pardonne ! Seigneur, sois attentif ! Agis et ne tarde pas, par amour pour toi, ô mon Dieu ! Car ton nom est invoqué sur ta ville et sur ton peuple. »

3. Amos, le prophète prie en ces termes :

Je dis : Seigneur Eternel, pardonne donc ! Comment Jacob subsisterait-il ? Il « est si petit ! »

4. Job fut invité par Dieu à prier pour ceux qui l'avaient accusé de péché :

« Après que 1'Eternel eut adressé ces paroles à Job, l'Eternel dit à Eliphaz de Temân : Ma colère est enflammée contre toi et contre tes deux amis parce que vous n'avez point parlé de moi avec droiture comme l'a fait mon serviteur Job. Prenez maintenant sept taureaux et sept béliers, allez auprès de mon serviteur Job et offrez pour vous un holocauste. Mon serviteur Job priera pour vous, et comme j'ai de la considération pour lui, je ne vous traiterai pas selon votre folie... Et l'Eternel eut de la considération pour Job.

L'Eternel rétablit la situation de Job, quand celui-ci eut prié pour ses amis » (Job 42.7-10).

5. Paul prie pour ses frères et pour la nation juive :

« Frères, le voeu de mon coeur et ma prière à Dieu pour eux, c'est qu'ils soient sauvés » (Romains 10.1).

Le passage suivant révèle à quel point une flamme intense brûlait dans le coeur de Paul :

« J'ai une grande tristesse et un chagrin continuel dans le coeur. Car, je souhaiterais être moi-même anathème et séparé du Christ pour mes frères, mes parents selon la chair... » (Romains 9.2-4).

6. La Bible rapporte aussi le cas d'un homme à qui Dieu demande de ne plus intercéder. Il s'agit du prophète Jérémie à qui Dieu s'adresse en ces mots :

« Et toi, ne prie pas en faveur de ce peuple, n'élève pour eux ni cri ni prières, n intercède pas auprès de moi, car je ne t'écoute point. Ne vois-tu point ce qu'ils font dans les villes de Judo et dans les rues de Jérusalem ?... Ils font des libations à d'autres dieux, afin de m'irriter » (Jérémie 7.16-18).

L'examen de ces nombreux textes du Coran et de la Bible nous a révélé qu'il a toujours existé des prophètes qui ont intercédé pour leur contemporains vivants. Nous n'avons pas trouvé, dans le Coran, un seul verset qui annonce que l'un quelconque de ces prophètes - de Noé à Muhammad - aura, au jour du jugement, le pouvoir d'intercéder. La seule source d'information d'une telle croyance pourrait provenir d'un hadith.

L'intercession au jour du jugement, d'après le Hadith

Au moment où j'eus à coeur de consulter la littérature des hadiths sur ce sujet, je découvris dans une librairie un exemplaire du livre de An-Nawawi Quarante Hadiths. Je me suis dit que ce livre faciliterait mes recherches. Il me semblait probable que s'il existait un hadith qui parle de l'intercession au jour du jugement, ce grand spécialiste de la littérature des habits en aurait certainement inclus un dans sa collection. A mon grand étonnement , pas le moindre hadith n'aborde la question !

Voici ce que déclare T P Hughes dans son article sur le mot « intercession » relevé dans son ouvrage Dictionary of Islam, en rapport avec le Hadith :

« Les traditions attribuent à Muhammad les déclarations suivantes :

« Celui qui, du fond de son coeur et sans la moindre hypocrisie, aura déclaré : il n'y a pas d'autre dieu que Dieu, celui-lâ aura le bonheur de pouvoir compter sur mon intercession au jour du jugement.

« J'intercéderai pour ceux qui auront commis de grands péchés.

« Il y aura, au Jour du Jugement, trois catégories d'intercesseurs : les Prophètes, les Initiés, les Martyrs. » Mishkat, livre XXXIII, ch. XII.

L'auteur de sharh-il Mawaqif déclare (p. 588) :

D'après les Sunnites, l'intercession de Muhammad est particulièrement réservée à ceux qui ont commis de grands péchés (ahlu'l kabair), dans le but de supprimer la sanction encourue ; car Muhammad a dit : « Mon intercession est pour ceux qui ont commis de grands péchés. » Mais les Mu`tazilites prétendent, quant à eux, que l'intercession de Muhammad a pour but d'augmenter la récompense et non de supprimer le châtiment , car il est dit dans le Coran (Sourate 2.48) : « Redoutez un Jour où nul ne sera récompensé pour autrui, où nulle intercession ne sera acceptée, où nulle compensation ne sera admise, où personne ne sera secouru. » (C'est l'un des versets que nous avons mentionnés dans le groupe l.)

Je n'ai pas fait une étude personnelle poussée des hadiths, comme je l'ai fait pour le Coran. Mais l'article ci-dessus montre clairement que les hadiths émettent des opinions peu nombreuses, et de plus, contradictoires. Il y a si peu de preuves en faveur de l'intercession de Muhammad au jour du jugement que les Mu`tazilites - musulmans rationalistes du deuxième siècle de l'Hégire - pouvaient affirmer catégoriquement que l'intercession de Muhammad ne mettait pas à l'abri du péché.

Il n'est cependant pas nécessaire de remonter jusqu'aux Mu`tazilites pour trouver un support à cette doctrine. Le fondateur des Wahhabites , Muhammad Ibn `Abd al-Wahhab a écrit un livre intitulé Le livre de l' Unité vers la fin du 18e siècle, dans lequel il « condamne les croyances communément admises du pouvoir des saints et des hommes pieux, et les pratiques qui en découlent, notamment le culte des saints et les visites aux tombeaux ; il s'en prend aussi à la confiance placée dans l'intercession du Prophète et des saints, tout ce qui constitue en somme le fondement de la piété populaire. »7

La position islamique récente face à l' « intercession » a fait l'objet d'un article paru dans The Muslim World League Journal de mai-juin 1983. Sous le titre « Le concept islamique de Dieu et du Prophète » Cheikh Gamal al­Banna écrit :

« L'Islam souligne fortement le caractère humain du Prophète... C'est pourquoi l'Islam n'admet ni ne permet une médiation d'aucune sorte. Les prophètes sont des messagers de Dieu ; ils ne peuvent pas accorder le pardon à celui qui a commis un péché, ni lui éviter le châtiment qu'il mérite. Ils ne peuvent pas intercéder auprès de Dieu en faveur de qui que ce soit, car l'Islam ne connaît pas le principe de l'intercession dans ce sens-là. » 8

Deux hadiths vont dans le même sens que l'affirmation de Cheikh al-Banna et que les croyances des Wahhabites, et s'opposent a 1'idée d'une intercession offerte par Muhammad. Le premier hadith est rapporté par Bukhari, au chapitre XXX du livre Témoignages. Dans ce chapitre intitulé « de la consultation du sort », l'auteur rapporte l'incident suivant.

Othman, l'un des musulmans les plus convaincus s'était enfui de La Mecque en compagnie de Muhammad. Peu après, il tomba malade et mourut. A ce moment précis, Muhammad entra dans la maison et entendit Omm-El-Ala, une femme qui avait pris soin d'Othman durant sa maladie, prononcer ces paroles sur le corps du défunt : « La grâce de Dieu soit sur toi. Je témoigne en ta faveur que Dieu s'est montré généreux envers toi. »

Muhammad s'enquit auprès de cette femme comment elle savait ce qu'elle venait d'affirmer. En réponse, elle admit qu'elle n'en savait rien. Muhammad dit alors :

« Pour ce qui est d'Othman, il est mort ; et par Dieu, le Dieu Unique, je ne lui souhaite que du bien ; mais par Dieu - bien que je sois l'Apôtre de Dieu - j'ignore le sort que Dieu lui réserve .»

Le second hadith se trouve à la page 128 du livre Prophet Muhammad and His Mission publié en 1967 par Athar Husain. L'auteur déclare :

« Muhammad dit :

O gens de Quraish, préparez-vous pour ce qui vient après, je ne pourrai pas vous sauver du châtiment de Dieu.

O Bani Abd Manaf... je ne pourrai pas te protéger non plus,

O Safia, tante du Prophète, je ne te serai d'aucun secours­

O Fatima, fille de Muhammad, même toi, je ne pourrai te sauver. »

Transmis par Bukhari et Muslim.

Que conclure ? Si Muhammad ne pouvait pas intercéder en faveur d'un disciple musulman si fervent qu'il avait renoncé à sa maison et à sa famille pour suivre Muhammad, ni en faveur de sa propre fille croyante, en faveur de qui pourrait-il bien intercéder ?

Rien dans le Coran ni dans les hadiths n'accrédite la croyance populaire mentionnée plus haut et qui se terminait par ses mots : « Ma nation, ma nation. » Au lieu d'intercéder pour les autres, les prophètes cherchent pour eux-mêmes un moyen de s'approcher davantage de Dieu. C'est ce qui ressort de la Sourate du Voyage nocturne (Al Isra') 17.57, de l'an 1 de l'Hégire :

« Eux-mêmes (anges et prophètes) invoquent, cherchant auprès de leur Seigneur un moyen à qui sera le plus rapproché, cependant qu'ils espèrent Sa miséricorde et qu'ils craignent Son châtiment »

Plutôt que de nous présenter des versets qui affirment que Muhammad priera un jour en faveur des croyants, comme beaucoup l'espèrent, la Sourate des Coalisés (Al Ahzab) 33.56, déclare même que Dieu et les anges prient pour Muhammad et invite les croyants à prier pour lui et pour son salut :

Oui, Dieu et ses anges bénissent le Prophète. O vous, les croyants !

Priez pour lui et appelez sur lui le salut. (Trad. D. Masson).

C'est en raison de ce commandement que chaque fois qu'un musulman mentionne Muhammad par son nom, il ajoute cette prière en faveur de son salut.

L'ouvrage de 200 pages, Preuves du Béni, mentionné plus haut, contient de multiples encouragements à prier en faveur de Muhammad. Souvent , l'intercession de Muhammad en faveur de quelqu'un est directement liée à la prière de ce dernier pour Muhammad, comme le prouvent les citations suivantes :

« Quiconque prie 100 fois pour Muhammad le vendredi, obtiendra une absolution de 80 ans. »

 

Paroles de Gabriel : « Si quelqu'un prie pour toi (Muhammad), soixante-dix mille anges prieront pour lui, et celui en faveur duquel les anges prient est assuré de faire partie de la famille du paradis. »

 

Et Muhammad a déclaré : « Plus vous priez en ma faveur, plus vous aurez de femmes au ciel. » 9

 

Malheureusement beaucoup de gens ont reçu ces idées, les propagent et espèrent qu'elles sont vraies, alors qu'elles ne trouvent aucun support dans le Coran.

Deux des tout premiers musulmans

Pour conclure cette section, nous allons observer l'attitude qu'ont adoptée deux des premiers et des plus grands musulmans, au moment où ils ont senti la mort s'approcher. Après avoir étudié l'Islam pendant de nombreuses années, Jens Christensen écrit ceci :

« L'une des choses qui m'ont le plus frappé lors de mes premières études de l'Islam, c'est la note d'accablement et d'incertitude qui ressort des paroles prononcées par tant de grands hommes de l'Islam, sur leur lit de mort.

Prenons l'exemple d'Abu Bakr. C'était un chef, au caractère d'acier et aussi un authentique musulman. Pourtant on a dit de lui qu'il était si craintif devant l'avenir et si angoissé que sa respiration en devenait haletante. D'après deux traditions, il aurait dit à Aisha, le jour de sa mort :

« O ma fille ! Voici arrivé le jour de ma délivrance et de ma récompense : si c'est la félicité, elle sera éternelle, si c'est le tourment, il ne cessera pas. » 10

Avez-vous bien remarqué ces deux petits mots « si » ? Il n'y a rien dans l'islam qui puisse les ôter ; pas même le fait qu'Abu Bakr ait hérité du titre de `Atiq (libre) en vertu d'une parole que Muhammad lui aurait adressée : Tu es libre (épargné) du feu.

T. P Hughes cite les paroles d'Omar :

« Si je n'avais pas été un musulman, mon âme aurait été jugée sévèrement ». 11

 

Pourtant, sur son lit de mort, Omar aurait dit :

« ... Je ne suis rien d'autre qu'un homme qui se noie, qui voit une possibilité d'être sauvé de la noyade, qui espère la saisir, et qui craint de mourir et de perdre la vie, et qui s'y accroche de toutes ses forces. Plus désespéré encore que l'homme qui se noie est celui qui, à la vue du ciel et de l'enfer, a la vision de sa mort... Si je possédais tout l'Occident et tout l'Orient, je les donnerais de bon coeur pour être délivré de cette effroyable terreur qui pèse sur moi. » Finalement, tournant sa face contre terre, il cria d'une vois forte : « Hélas pour Omar, et hélas pour la mère d'Omar ! s'il ne plaisait pas au Seigneur de me pardonner. »

Avez-vous remarqué où se situe le problème d'Omar ? Dans l'incertitude que rend admirablement le petit mot « si » de la dernière phrase. Ce « si » ne traduit pas un doute d'Omar en regard de sa foi, ou de sa croyance au Dieu unique, ou de la confiance placée dans le Prophète, ou de la qualité de sa vie morale. Toutes ces choses étaient en règle, pour autant qu'elles peuvent l'être dans la vie d'un homme.

Le « si » s'applique à Allah ; « s'il » ne plaisait pas au Seigneur de lui pardonner.

Personne ne peut savoir

Lors des funérailles de son père Omar, Yazid aurait déclaré :

« Je ne ferai pas l'éloge de mon père devant le Tout-Puissant en présence duquel il vient de comparaître. S'il lui pardonne, ce sera en vertu de sa grâce ; s'il le châtie, ce sera à cause de ses transgressions. »

Voici donc à nouveau dans la bouche d'un musulman ces deux petits «si»:

Si Allah pardonne... Si Allah châtie...

Cette réflexion de Yazid me semble parfaitement résumer le fond de l'Islam.12

« Personne, de Muhammad lui-même jusqu'au musulman le moins instruit qui ne parle pas l'arabe et dont la connaissance se borne à la récitation de quelques prières, personne ne peut prétendre savoir ni oser prédire quel sera le « si » qui lui sera réservé. » 13

En d'autres mots, Allah exige une soumission absolue de chaque homme, mais lui-même ne s'engage jamais à révéler quoi que ce soit à ses serviteurs, considérés comme des individus. Ceux-ci n'ont aucun moyen de savoir s'ils seront sauvés ou non.

La Sourate des Poètes (AI Shu`arâ') 26.82, de la période mecquoise intermédiaire traduit fort bien cette incertitude qui caractérise le musulman. Dans ce verset Abraham parle du « Seigneur des mondes... qui me fera mourir puis me donnera la vie (Abraham est certain de ces vérités), et dont je convoite (atma`) qu'Il me pardonne ma faute, au jour de la Rétribution. » (Ainsi, pour ce qui est de son pardon, Abraham ne peut « qu'espérer ».)

Au verset 51 de la même Sourate, Moïse et Aaron déclarent à Pharaon :

« Nous convoitons (natma`u ) que notre Seigneur nous pardonne nos fautes. »

Rappelons encore le passage de la Sourate 17.57, déjà mentionné :

« Et eux-mêmes (anges et prophètes)... cependant qu'ils espèrent (yarjüna ) sa miséricorde et qu'ils craignent son châtiment »

Pour clore ce chapitre, nous allons encore citer trois textes du Coran qui prouvent très clairement que même ceux qui auront fait de leur mieux ne peuvent s'attendre qu'à un « peut-être » de la part de Allah.

Dans la Sourate mecquoise tardive du Récit (Al Qasas) 28.67, Dieu déclare à ses croyants :

« puis celui qui se sera repenti, qui aura cru, et fait le bien, il se peut (`asa an ) qu'il soit des gagnants. »

La même idée est reprise dans la Sourate de l'Interdiction (Al Tahrim) 66.8, de l'an 7 de l'Hégire :

« Ho, les croyants ! Repentez-vous à Dieu d'un repentir sincère. II se peut ('asa an) que votre Seigneur ,vous vous efface vos fautes et qu'Il vous fasse entrer aux Jardins sous quoi coulent les ruisseaux. »

Enfin, dans la Sourate du Repentir (A1-Tauba) 9.18, de l'an 9 de l'Hégire, donc l'une des dernières Sourates du Coran, Allah déclare :

« Rien d'autre, en vérité : que peuplent les mosquées de Dieu, ceux qui croient en Dieu et au Jour Dernier, et établissent l'Office, et acquittent l'impôt, et ne craignent que Dieu : il se peut ('asa an) qu'ils soient du nombre des bien-guidés.»

Par conséquent, au dernier jour, chacun se trouvera seul, tout seul, devant un avenir peu rassurant. Si la personne ne croit pas, elle est assurée d'aller en enfer ; mais même si elle croit, elle se tiendra toute seule devant Dieu au jour du jugement.

Elle n'aura ni intercesseur, ni ami ; son seul espoir est de pouvoir « être », peut-être, parmi les bénis.

 

 


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1 Voir 2 Samuel 11 et 12, ainsi que le Psaume 51 qui rapporte la confession de David.[retourner au texte]

2 Editions, Al-Manar, Tunis, 1964, pp. 63-64. [retourner au texte]

3 Ibid , pp. 25-30.[retourner au texte]

4 Ibid. , p. 92. 4[retourner au texte]

5 Ibid, p. 158.[retourner au texte]

6 Des mots formés sur cette même racine se retrouvent quatre fois dans la Sourate 4.85 et une fois dans la Sourate 89.3, sans aucune référence à l'intercession auprès de Dieu.[retourner au texte]

7 Rahman, Islam, op. cit., p. 197.[retourner au texte]

8 The Muslim World League Journal, vol. 10, n° 8, p. 9.[retourner au texte]

9 Sulimân Al-Jazuli, op. cit., pp. 15-16.[retourner au texte]

10 Cette citation relative à Abu Bakr, ainsi que celles qui suivent, sont tirées de The Torch of Guidance to the Mystery of Redemption, traduit en anglais par Sir W Muir et imprimé par la société des tracts religieux, Londres.[retourner au texte]

11 Hughes, op. cit., p. 654.[retourner au texte]

12 The Practical Approach, Cours par correspondance, Pakistan, p. 379. Nouvelle publication en 1977, p. 379. [retourner au texte]

13 Ibid., p. 381.[retourner au texte]